La gauche est religieuse

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la gauche a une dimension religieuse.

Origines de la gauche

Si l’on regarde les origines du courant qui aboutira à la gauche, on remarque qu’il prend sa source dans des conceptions religieuses opposées au christianisme.

En effet, on peut faire commencer ce courant à l’époque de la Renaissance qui se caractérise par une offensive de la gnose et de la kabbale via les élites intellectuelles. Ces conceptions religieuses anti-chrétiennes vont engendrer une nouvelle conception de l’Homme : l’Humanisme. Cette vision d’un Homme au centre du monde va se développer à travers le protestantisme, le cartésianisme et les Lumières. Ces dernières seront mises en pratique avec la Révolution puis la République. Voir cet article pour plus de détails.

Ainsi, les idées révolutionnaires portées par la gauche ne sont pas des idées chrétiennes, comme le pensent les démocrate-chrétiens par complexe d’infériorité vis-à-vis de la gauche, ou encore les néo-païens, mais des idées issues des ennemis du christianisme.

Avec la Révolution, un véritable retournement de l’ordre naturel va s’opérer : l’Homme va vouloir prendre la place de Dieu.

Cette vision de gauche rejette « tout ordre religieux et social que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble » (Mgr Jean-Joseph Gaume, La Révolution, recherches historiques).

Mais la curiosité que l’on va observer dès la Révolution est la suivante : la philosophie dont se réclame la gauche est en apparence matérialiste, rationaliste, anti-chrétienne, athée, donc elle ne reconnait que la matière et non l’esprit. Or, la gauche va prendre une dimension religieuse où le spirituel sera comme masqué par une façade matérialiste.

La Révolution semble être un phénomène matérialiste qui rejette le christianisme et tout surnaturel mais qui, en même temps, apparaît comme un phénomène religieux.

C’est ce que relève par exemple Vincent Peillon dans son livre La Révolution Française n’est pas terminée :

« La révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau.

La révolution est un événement méta-historique, c’est-à-dire un événement religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. »

Tout apparaît comme une imitation du christianisme dans cette citation. La Révolution singe son ennemi le christianisme.

Dans un autre livre (Une religion pour la République), Vincent Peillon établit même le lien entre la Révolution et la gnose et la kabbale :

« Avec la Révolution, la Providence a fait sa part de l’œuvre, et c’est du côté humain qu’elle n’est pas encore accomplie… Ce thème du concours de l’homme à la création de Dieu fait jonction entre la kabbale juive, l’illuminisme et les philosophies de l’histoire républicaine… […] dès lors que, fondamentalement, l’admirable hérésie protestante conduit, comme la kabbale ou l’illuminisme, à considérer que l’action de Dieu exige d’être continuée par l’action de l’homme, que la créature est elle-même créatrice, que la révélation est devant nous, nous nous trouvons face à une anthropologie républicaine qui repose sur une disposition onto-théologico-politique spécifique. »

Incroyable aveu ! La gauche vient de là.

Fusion du spirituel et du temporel

Avec la gauche, on observe donc un phénomène de fusion du spirituel et du temporel que l’on peut tenter d’expliquer ainsi :

L’effacement du christianisme, conformément à la table rase prônée par la gauche, engendre un déplacement de la religiosité de l’Homme du domaine spirituel vers le domaine temporel. La religiosité ne s’exprime plus dans le domaine spirituel mais dans le domaine temporel. Le spirituel vient se confondre dans le temporel. La religiosité est sortie de son cadre religieux (qui a été effacé) pour descendre dans le domaine de la pensée politique. La doctrine politique de la gauche est en même temps une doctrine religieuse.

« Il s’est produit un transfert des valeurs religieuses liées à la religion chrétienne et à l’Église, vers la politique (…) La corrélation nous paraît évidente : le Peuple, la Justice, l’Égalité, la Liberté…, qui sont des notions vieilles comme la vie en société, ont gagné leur majuscule et le statut de mythes capables de soulever les cœurs et obtenir des sacrifices enthousiastes, en un parallélisme frappant avec le déclin de la croyance en Dieu. » (Jean Baechler)

Le site « Tiens Ta Droite », qui l’a également relevé, résume bien le phénomène : « Jacques Bainville disait que l’antichristianisme est le ciment des gauches. La gauche a tué Dieu, mais elle n’a pas tué le besoin de religiosité de l’homme. Celui-ci s’est déplacé vers les religions séculières, telle que la religion des Droits de l’Homme qui définit, à la manière des religions du Livre, le sacré et le profane.« 

À la suite de cette fusion, le temporel apparaîtra sous la forme d’une façade matérialiste derrière laquelle se dissimulera un fond spirituel. Et ce dernier est animé par une sorte de mystique de la Liberté. Cette Liberté dont parle la gauche consiste à placer l’Homme comme étant son propre souverain absolu, sa propre loi, son propre créateur sans aucune limite que ce soit. L’Homme voulu par la gauche veut se prendre pour Dieu. Il y a une sorte de culte de l’Homme en tant qu’être Libre, c’est-à-dire souverain absolu. Cette mystique est le puissant moteur de la gauche autour de laquelle tout doit s’organiser. Ainsi, la gauche apparaît-elle avec une façade athée et matérialiste derrière laquelle se dissimule ce fond mystique.

Dans cette optique de gauche, c’est précisément parce que l’Homme vivant dans le monde matériel veut prendre la place de Dieu, qu’il se place également dans le monde spirituel. Il y a la façade matérialiste de l’Homme que l’on voit physiquement, et puis derrière, le fond religieux de ce même Homme qui veut s’attribuer les caractéristiques de Dieu : un être existant par lui-même, créateur du monde, créateur de la Nature, créateur de l’Homme qu’il façonne à son image, souverain suprême.

Le triomphe de la République prétendument neutre épaulée par l’ange porteur de Lumière…

Par ailleurs, cette façade matérialiste de la gauche constitue un piège pour une certaine droite que l’on va dire agnostique. La gauche à un double visage, à la fois matérialiste et spirituel où la dimension spirituelle est son vrai visage.

Or, la droite agnostique ne voit que la dimension matérialiste des choses. Elle regarde la gauche à travers des lunettes matérialistes (la gauche étant officiellement matérialiste) alors que la gauche voit les choses de manière spirituelle à travers sa mystique. Seules les personnes de droite spirituelle (catholique) arrivent à saisir correctement la gauche, comme si elles se mettaient au même niveau qu’elle. La droite agnostique est piégée par le coté matérialiste de la gauche, tandis que la droite catholique perçoit le coté spirituel et véritable de la gauche.

En sortant de la dimension matérialiste on voit au delà de la matière, de la forme, de la surface.

Tout prend une dimension religieuse

À cause de la fusion du spirituel et du temporel, les concepts de la gauche prennent généralement une dimension religieuse, tout en se cachant derrière une façade matérialiste. On peut relever de nombreux exemples :

– La démocratie moderne prend la dimension d’une vision religieuse du monde. Elle n’est pas un principe d’organisation de la société. D’ailleurs le vrai sens de la démocratie est métaphysique (Cf. Maxence Hecquard).

– Le républicain Claude Nicolet nous parle d’ « aspiration à l’absolu » pour la République. Pour lui, « la République emprunte au sacré, voire au divin, ses mots et peut-être plus que ses mots ».

L’historien Pierre Gaxotte disait à ce sujet: « Devenue religion, la république a son orthodoxie (ses dogmes), ses élus et ses réprouvés. Majorités, élections, votes, consultations populaires: tout cela, c’est la façade, le jeu auquel se laissent prendre les naïfs, en s’étonnant que les règles n’en soient jamais appliquées que contre eux… Derrière ces agitations, il y a le petit troupeau des fidèles et des « illuminés » [ceux qui ont les Lumières]. Ils détiennent la vérité. Ils se sont juré d’en établir l’empire. Ils sont la Volonté générale. Quant à leurs adversaires, quel que soit leur nombre, leur respect du suffrage universel, leur dévotion à la forme républicaine, ils ne seront jamais que des aristocrates, des réactionnaires, des hérétiques et, à l’occasion, des usurpateurs car, de même qu’il y a un roi légitime, il y a un peuple « légitime ». Contre eux, tous les moyens sont permis: la fraude électorale comme la guillotine. »

– Les Droits de l’Homme sont les nouveaux Évangiles. Ils sont d’ailleurs représentés sous la forme de Tables de la Loi. La dimension religieuse est clairement affichée (Voir cette émission). Il faut ensuite « évangéliser » le monde avec ces Droits de l’Homme.

– La laïcité affiche une façade neutre mais elle constitue en réalité une religion concurrente à la religion catholique. Voir les propos de Vincent Peillon ou encore l’étude de Youssef Hindi avec son livre La Mystique de la laïcité.

Comme le résume Le Figaro du 26 juillet 2012 : « Sa laïcité est empreinte de foi. Ferdinand Buisson parle d’âme et élabore une forme de mysticisme républicain. »

L’abbé Aubry disait dans « Contre le modernisme » : « De l’aveu même des ennemis de l’Église, le laïcisme instaure, substitue à l’ancien, un culte nouveau : le culte de la raison et de l’humanité. Les mots Raison et Humanité y sont compris dans un sens religieux, ni rationnel ni humain, dans une acception mystérieuse qui compose un dogme« 

– La gauche croit au dogme de l’Homme bon par nature c’est-à-dire au dogme de l’immaculée conception de l’Homme.

– La gauche veut créer un homme nouveau régénéré, véritable nouvel Adam devant construire son nouvel Eden (paradis terrestre). D’ailleurs cet homme nouveau est créé par la Révolution lors d’une nouvelle Genèse de sept jours entre le 10 et le 17 juillet 1789 ! L’Adam originel a été créé par Dieu, le nouvel Adam sera créé par l’Homme. L’Homme créé l’Homme.

La notion même d’Homme Nouveau portée par la gauche est une imitation de la notion chrétienne du terme. La régénération par le baptême pour obtenir l’Homme Nouveau chrétien est remplacée par la régénération révolutionnaire par abstraction de tout ce qui n’émane pas de la volonté absolue de l’Homme, pour obtenir un Homme Nouveau vide de tout contenu, de toute origine, de toute racine. L’Homme Nouveau chrétien a une âme, l’Homme Nouveau révolutionnaire n’en a pas.

On peut même s’amuser à comparer un passage du catéchisme de saint Pie X avec la pensée de gauche

Catéchisme de saint Pie X :

Qu’est-ce que le péché originel ?

Le péché originel est celui avec lequel nous naissons tous et que nous avons contracté par la désobéissance de notre premier père Adam.

Quels torts nous a causés le péché d’Adam ?

Les torts causés par le péché d’Adam sont : la privation de la grâce, la perte du paradis, l’ignorance, l’inclination au mal, la mort et toutes les autres misères.

Comment est effacé le péché originel ?

Le péché originel est effacé par le saint Baptême.

Si on remplace les mots, on retrouve la gauche :

Qu’est-ce que le péché originel ?

Le péché originel est celui avec lequel nous naissons tous et que nous avons contracté par la filiation à nos ancêtres français et catholiques.

Quels torts nous a causés le péché de nos ancêtres ?

Les torts causés par le péché de nos ancêtres sont : la privation de la Liberté, la perte du paradis terrestre, l’obscurantisme, l’inclination au mal : racisme, xénophobie, intolérance etc. (entendre au sens falsifié des termes), la mort et toutes les autres misères.

Comment est effacé le péché originel ?

Le péché originel est effacé par l’adhésion à la sainte République.

En République, tout homme qui nait est marqué par un « péché originel » : celui d’être Français. Or, pour fabriquer l’Homme nouveau, son exact opposé, et laver ce péché (la France), il doit adhérer à la République afin d’être sauvé des ténèbres. Ceux qui refusent sont perçus comme hérétiques.

– Dans la mystique de gauche, on passe de la Trinité chrétienne : Père, Fils et Saint Esprit à la Trinité révolutionnaire : Révolution (Père), citoyen (Fils), République (Saint Esprit) (Cf. l’historien Jean de Viguerie).

– « Son mythe de l’Humanité et de la Cité future, c’est l’idée de l’Église et celle de la Jérusalem céleste, tombées du plan divin dans le plan terrestre; la Révolution est conçue comme un Jugement dernier, la Régénération de l’espèce humaine, assignée comme terme à nos espoirs, est la contre-partie de la régénération baptismale » (Jacques Maritain)

– Article du blog « Bibliothèque de combat » sur la recherche de l’Unité primordiale sur Terre démontrant la dimension religieuse de la gauche : https://degauchisezvous.wordpress.com/2015/12/08/lunite-du-genre-humain/

– Le monde contemporain pétri de la philosophie des Lumières prétend ne pas avoir de dogme :

République
Laïcité
Démocratie
Souveraineté du Peuple, « dogme de la souveraineté de l’individu » (Claude Polin)
Droits de l’Homme
Vivre-ensemble
Shoah
Darwinisme
Libre-échange

– Dans la mythologie de la gauche, la Révolution de 1789 serait une entreprise spontanée et populaire, alors qu’il ne s’agit que de l’action d’une minorité organisée. Cette vision falsifiée de gauche est religieuse : ce n’est plus l’action de Dieu dans l’histoire, c’est l’action du Peuple (« Peuple » étant un terme falsifiée ne désignant pas la population réelle mais la fraction minoritaire de la population adhérant à l’idéologie révolutionnaire). Un peuple abstrait se battant pour cette Liberté mystique.

– La figure de Marianne s’inspire de la divinité antique Mithra.

– La « volonté générale » de Jean-Jacques Rousseau et de la République est une imitation de la volonté divine, sauf qu’à la place de Dieu c’est le citoyen, c’est-à-dire l’homme nouveau qui a pour caractéristique d’être son propre dieu.

L’historien Pierre Gaxotte explique que « la Volonté générale n’est pas la volonté du plus grand nombre, c’est la voix profonde de la Conscience humaine, telle qu’elle devrait parler en chacun de nous et telle qu’elle s’exprime par la bouche des citoyens les plus vertueux et les plus éclairés […] En définitive, la Volonté générale se définit donc par la conformité à un système philosophique. »

L’historien Augustin Cochin explique :

« La volonté générale de Rousseau n’a rien de commun avec la volonté du plus grand nombre. Ce n’est pas une réalité actuelle, tangible, d’ordre historique et politique. C’est une idée-limite, une notion de valeur religieuse ; et la seule manière de la définir, c’est de lui appliquer les formules employées par les théologiens pour définir l’action de la grâce, et les rapports de l’homme avec Dieu.
Il y a en tout homme deux volontés, dit l’Évangile : la volonté de l’homme et la volonté de Dieu. Et de même Jean-Jacques : la volonté particulière et la volonté générale, la volonté de l’homme et celle du citoyen. « Chaque individu peut, comme homme, avoir une volonté particulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu’il a comme citoyen. » (Rousseau) »

La Volonté générale se définit donc par la conformité à un système philosophique, nous dit Pierre Gaxotte, c’est-à-dire la conformité à la philosophie des Lumières, pour être plus précis. Mais celle-ci veut créer un homme nouveau, le citoyen, dont la caractéristique est d’être « libre » c’est-à-dire d’être son propre souverain intégral, son propre dieu. Il y a donc la volonté particulière de l’homme, mais aussi la volonté générale du citoyen qui prend la place de la volonté de Dieu. Il y a comme deux êtres dans le même homme : l’homme réel et l’Homme-Dieu dont la volonté générale découle. Mais ce dernier n’existe pas réellement, c’est une abstraction, un idéal à atteindre.

Par exemple, l’homme réel appartient à une patrie (nous parlons de la patrie réelle, la France, et non de la patrie idéologique, voir ici), mais le citoyen ne doit appartenir à aucune patrie sinon il n’est pas « libre » (entendre le mot au sens révolutionnaire c’est-à-dire l’Homme dont la volonté absolue le détache de ses « déterminismes »). Or, il doit être « libre ». La volonté générale sera la volonté du citoyen d’être « libre » donc de n’appartenir à aucune patrie. Et donc, comme nous le dit Rousseau, la volonté particulière de l’homme devra se plier à la volonté générale du citoyen (Homme-Dieu), car il ne peut pas ne pas être « libre ».

La volonté particulière est d’ordre humain quand la volonté générale est d’ordre religieux. Mais dans cet ordre religieux, l’Homme prend la place de Dieu. Il y a une sorte de projection de l’homme en tant qu’être « libre » (le citoyen) – être idéal à atteindre – à la place de Dieu et qui ordonne sa volonté à l’homme réel afin que ce dernier soit « libre ». Cette Volonté ne porte pas atteinte à la Liberté de l’Homme, puisqu’elle a pour objectif d’orienter l’Homme vers cette Liberté. C’est ici la mystique de la Liberté qui s’exprime.

Pour imager le propos, dans la société chrétienne on a l’Homme en bas et Dieu en haut alors que dans la société révolutionnaire, on a l’Homme en bas et l’idéal de l’Homme-Dieu en haut.

Mais dans la réalité, l’Homme-Dieu est dans l’Homme réel. Il y a une dimension gnostique : comme notre âme est une partie du grand Tout divin, nous avons une volonté divine issue du tréfonds de la conscience humaine qui est cette Liberté consistant à faire de l’Homme son propre dieu. Mais l’homme réel ne l’a pas encore compris, il n’en a pas pris conscience. Il doit donc adhérer à cette volonté générale où la figure idéale de l’Homme-Dieu aura pour objectif de rappeler la Liberté à l’Homme.

– Pour la gauche, toute erreur par rapport à sa pensée est vécue comme une hérésie dangereuse : « racisme », « xénophobie », « islamophobie », « fascisme » etc. (entendre les mots dans leurs sens falsifiés par la gauche).

Derrière ces notions, c’est la réprobation contre toute atteinte à cette Liberté mystique. Refuser la non-distinction des peuples et des races, c’est « raciste » car l’Homme n’a pas de caractéristiques singulières vu qu’il est libre. Reconnaitre une patrie, donc établir une distinction entre le dedans et le dehors et donc ne pas octroyer les mêmes droits entre le membre d’un pays et l’étranger c’est « xénophobe » car on pose des distinctions qui remettent en cause la Liberté de l’Homme. Reconnaitre une autorité supérieure c’est « fasciste » car la volonté toute-puissante de l’Homme est bafouée etc.

Jean Vaquié nous dit : « Il y eut néanmoins la guerre entre la gnose et l’Église parce que l’Église veut préserver la pureté de sa doctrine et qu’elle repousse toute idée de compromis. » La gauche fait pareil. Sa pensée politique est érigée en valeur religieuse incarnant le Bien et la Vérité. Toute opposition est mal et dangereuse. La gauche se voit comme pure et donc il ne faut pas se compromettre avec toute forme d’impureté. Si un bien ou une vérité se teintent d’un soupçon de mal ou d’erreur, alors ils ne sont plus un bien ou une vérité, dont l’essence doit être pure. La Vérité ne peut pas se compromettre avec l’erreur. Si l’on est compromis, il faut se « désolidariser », il faut faire repentance, pour abjurer l’hérésie.

Le Pape Saint Pie V disait dans une lettre à Charles IX (1570) : « Si Votre Majesté veut faire fleurir son royaume, elle doit travailler à extirper l’hérésie : elle ne doit souffrir dans ses États que l’exercice de la religion catholique ». Avec la gauche, il faut aussi extirper l’hérésie : seule l’adhésion à l’idéologie de la République est permise. Le terme « extrême-droite » sert à désigner les hérétiques. La gauche le vit de la même manière.

Ce genre de constatation suffit à montrer l’imposture de la soi-disant pluralité d’opinions acceptée en République.

Il est important de bien comprendre que les concepts politiques prennent une dimension religieuse dans la pensée de gauche. La gauche adopte véritablement une pensée religieuse et le vit comme tel. Et ce fond religieux est lui-même caractérisé par l’adhésion à cette mystique de la Liberté.
La moindre entorse à cette mystique est vécue comme un mal. Couper un « arbre de la laïcité » est vécu comme un sacrilège pour la gauche. Ne pas adhérer à la République est vécu comme une hérésie, qui aujourd’hui suscite l’hystérie et la peur de la contamination. Insulter Marianne est vécu comme un blasphème. Le « racisme », c’est-à-dire le refus du « vivre-ensemble » et de la dissolution générale des races et des peuples, est vécu comme un péché grave. Tout est vécu religieusement dans la pensée de gauche. On est face à des êtres religieux.

Hommage au génie de la Liberté

Répercussion dans la pensée

Cette fusion du spirituel et du temporel se répercute également dans la manière de penser de la gauche.

Gustave Le Bon dans « La Révolution française et la psychologie des révolutions » a parfaitement bien décrit la mentalité de gauche :

« La mentalité jacobine se rencontre surtout chez les caractères passionnés et bornés. Elle implique, en effet, une pensée étroite et rigide, rendant inaccessible à toute critique, à toute considération étrangère à la foi. Les éléments mystiques et affectifs qui dominent l’âme du jacobin le condamnent à un extrême simplisme. Ne saisissant que les relations superficielles des choses, rien ne l’empêche de prendre pour des réalités les images chimériques nées dans son esprit. Les enchaînements des phénomènes et leurs conséquences lui échappent. Jamais il ne détourne les yeux de son rêve. »

Prendre pour des réalités les images chimériques nées dans son esprit correspond par exemple à la formule « L’immigration est une chance pour la France » – formule qui s’inscrit dans cette mystique de la Liberté (voir exemple plus bas). Et comme l’homme de gauche se croit Dieu, ce qu’il construit dans sa pensée est censé être réel. Ce dogme doit être professé sous peine de passer devant le tribunal inquisitorial. Eric Zemmour est un habitué de ce tribunal.

Adrien Abauzit explique la suspension de la raison qui s’opère dans la pensée de gauche :

« Pour le comprendre, il nous est nécessaire de revenir à l’ADN de la gauche, à savoir la philosophie des Lumières. Cette philosophie a pour objet de créer un homme nouveau par l’abolition du passé. Ainsi, tout ce qui a été transmis par le passé a vocation à disparaître. Dans cette vaste table rase, la religion devait également être emportée. La gauche a donc tout fait pour détourner les Français de la religion. La nature cependant a horreur du vide. Les hommes de gauche qui ont adhéré à cette vision du monde n’ont pas abandonné leur religiosité. Seulement, ils ont remplacé une religiosité fondée sur les religions traditionnelles par une religiosité fondée par des concepts politiques.

Pour l’homme de gauche, ses opinions ne sont pas seulement des opinions, ce sont aussi des dogmes. Nous arrivons là au cœur de notre problème.

L’homme de gauche authentique présente de nombreux signes analogues à ceux que l’on retrouve chez un fanatique religieux, car il aborde la politique à travers un prisme purement religieux. L’adhésion à un logiciel politique de gauche conduit à terme à une véritable suspension de la raison. Le militant de gauche n’est pas amené à réfléchir, il est sommé de croire à des dogmes. D’ailleurs, malgré toutes ses déclarations d’amour à la démocratie, la gauche ne supporte pas le débat. La gauche est sectaire : de même qu’un fanatique religieux ne supporte pas que l’on soit d’une religion différente de la sienne, l’homme de gauche ne supporte pas que l’on pense différemment de lui. »

La religiosité de la pensée de gauche conduit également au manichéisme et au simplisme. La gauche adopte une pensée religieuse dans le domaine temporel où tout est vu sous l’angle d’un combat du Bien contre le Mal. Le Bien désignant ce qui est compatible avec la gauche et le Mal ce qui est incompatible avec elle. La complexité du réel est réduite à cette grille de lecture construite a priori.

Ce dérèglement s’observe partout. On est toujours confronté à un combat entre les gentils et les méchants, entre les forces du Bien et les forces du Mal, de la même manière que le combat entre Dieu et Satan. Les gentils ne pouvant être que dans le Bien, et les méchants ne pouvant être que dans le Mal.

C’est le cas par exemple avec les gentils résistants purs associés à l’idéologie de la République combattant les méchants collabos impurs associés à tout ce qui s’oppose à l’idéologie de la République tous réunis indistinctement dans le même panier. La réalité historique est complètement falsifiée, déformée, occultée, pour pouvoir entrer dans ce moule idéologique. Dire « Pétain a résisté à de nombreuses exigences allemandes et a soutenu financièrement des mouvements de résistances » créé un bug dans ce genre d’esprit. La grille de lecture idéologique est trop forte, elle ne veut pas de la réalité qui ne se conforme pas avec ce qui a été décidé a priori. Et ce qui a été décidé a priori est la conformité ou non à l’idéologie de la République. Si l’on n’est pas conforme avec elle alors on est méchant, et les méchants sont forcements du côté du Mal. Donc dans le cas présent, le Mal étant Hitler, Pétain est forcément de son côté. C’est difficile à expliquer car nous sommes devant des cas d’irrationalité. La raison est complètement bloquée, il n’y a plus aucune capacité à voir et à comprendre le réel.

Cette incapacité avait été relevée par l’historien Dominique Venner concernant la Collaboration : « L’interprétation imposée par la victoire de leurs adversaires triomphants était à la fois totale et totalitaire. En d’autres termes, l’histoire écrite par les vainqueurs impose un manichéisme absolu entre eux-mêmes qui sont associés au Bien, et les vaincus, devenus incarnation du Mal à tout jamais. Il en est toujours ainsi après une guerre de religions. Et la Seconde Guerre mondiale fut une guerre de religions. »

Pour résumer, dans la pensée de gauche il y a trois niveaux de lectures :

Le premier niveau est politique mais la gauche n’est pas compréhensible si l’on se focalise sur ce niveau. On va penser au premier abord que ses concepts sont ce qu’elle en dit et qu’ils n’ont pas de contenu. La laïcité serait une neutralité, la République serait neutre et n’imposerait rien à personne, idem pour la démocratie etc.
Le deuxième niveau est philosophique. Il s’agit de comprendre que la gauche est porteuse d’une philosophie qui est celle des Lumières. La République par exemple n’est pas un régime neutre, elle a un contenu philosophique.
Le troisième niveau est religieux. La gauche est animée d’une mystique basée sur le culte de l’Homme Libre.

On ne peut pas comprendre la gauche en profondeur si on n’adopte pas une vision spirituelle et mystique. Cette vision religieuse permet d’éclairer ses comportements. On se répète mais la gauche à l’apparence d’une pensée matérialiste, mais qui est régie en arrière-fond par une dimension religieuse. Pour bien comprendre cela, il faut voir la dimension religieuse qui anime la gauche.

Exemples

Prenons quelques exemples de la manifestation de la mystique de gauche :

• Lire seulement le début de cet article puis le 5ème point concernant Jean Moulin : http://www.medias-presse.info/robert-menard-repond-au-manifeste-ideologique-de-professeurs-dhistoire-de-beziers/47588/

Avec cet exemple, on a une démonstration des conséquences intellectuelles du clivage gauche/droite. Robert Ménard n’est pas totalement de droite mais sa vision ici correspond à une vision de droite.

On observe la vision enracinée de droite contre la vision idéologique de gauche :

Pour Ménard, c’est l’esprit de droite qui voit les choses de manière terre à terre : on défend la France donc on s’oppose à l’occupant et donc ceux qui vont dans ce sens sont honorés qu’importe qui ils sont. Donc Jean Moulin est honoré. Ménard se dit que Moulin défend son pays contre l’occupant. Il dit bien : « Pour eux, seules comptaient la libération de la France, sa souveraineté. […] il était le visage de la France. Il n’est pas mort pour un concept politique, il est mort pour une réalité charnelle, pour un peuple. […] Il est le symbole d’un Français qui meurt pour que son pays ne soit pas occupé par une armée étrangère.« 

Pour Ménard on défend naturellement son pays contre une occupation étrangère. C’est charnel et concret.

Pour les profs opposés à Ménard, c’est la vision idéologique de la gauche qui s’exprime. Pour eux, Jean Moulin est le « visage de la France républicaine ».

La gauche est dans une lutte idéologique : la gentille démocratie (qui est une vision du monde et non un système d’organisation de la politique) qui combat le méchant fascisme (tout ce qui s’oppose à la démocratie). Moulin lutte contre le fascisme et pour la démocratie. Il lutte pour cette Liberté mystique de la gauche. La gauche vit dans son pays imaginaire et ne voit pas la réalité du pays occupé car elle est dans un combat idéologique. L’idéologie importe plus que le réel.

La droite est dans une lutte concrète qui cherche à libérer son pays occupé et à gagner la guerre contre l’ennemi, alors que la gauche est dans une lutte idéologique qui cherche à imposer le règne de la Liberté. C’est la mystique de la Liberté qui anime la gauche et qui regarde tout sous cet angle.

Des deux côtés aucun ne se comprend. C’est un dialogue de sourds.

Au passage, on retrouve dans cet exemple le problème des deux patries qui caractérise le clivage gauche/droite.

D’ailleurs, c’est la même logique qui revient dans le reste de cette période de la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit a dans l’esprit des élites alliées un caractère idéologique.

Les deux guerres mondiales sont en quelque sorte des guerres révolutionnaires consistant à abattre la « tyrannie », c’est-à-dire ce qui s’oppose à cette mystique de la Liberté.

Dans le cas de la France, le badaud croit qu’il s’agit de se battre pour défendre la France, simplement. Et que les américains, nos alliés, sont venus nous aider pour vaincre l’ennemi allemand. En réalité c’est une lutte idéologique pour préserver la mystique de la Liberté.

Dans l’esprit dominant, quand on parle de la Résistance, il ne s’agit pas d’évoquer un comportement normal et sain consistant à défendre son pays contre l’envahisseur étranger, il s’agit d’une lutte idéologique pour cette mystique de la Liberté. L’idéologie dominante de gauche ne se soucie pas de la France réelle.

À cet égard le site de propagande d’État « Chemins de Mémoire » lié au Ministère de la Défense est significatif. Dans la section consacrée à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, on y trouve une section consacrée à la « Résistance allemande ». Surprenant ! C’est l’Allemagne qui occupe les autres pays, donc qu’est-ce que signifie « résistance allemande » ? Cela n’a pas de sens. Lorsque Napoléon occupe l’Europe, on ne parle pas de « résistance française ». Mais dès que l’on se branche sur la vision idéologique de la gauche, tout s’éclaire : la Résistance est la lutte idéologique pour défendre la mystique de la Liberté face au nazisme incarnant la tyrannie. Donc dans ce sens, la Résistance peut venir de n’importe où y compris d’Allemagne.

Dans une discussion avec un ami, celui-ci nous disait que si l’on suivait la logique propagée par l’idéologie dominante axe du bien = démocratie VS axe du mal = totalitarisme, il aurait fallu se battre également contre l’URSS. Ce qui n’a pas été fait.

En réalité pour l’idéologie dominante, l’URSS c’est la démocratie, c’est pour « libérer » l’Homme. Le communisme rentre dans le cadre de cette mystique de la Liberté. L’URSS est donc dans l’axe du Bien aussi. Une personne de droite ne saisissant pas la mystique de gauche trouvera cela incohérent car le totalitarisme soviétique ne pourra pas être associé avec la notion de liberté. En réalité si, car il faut comprendre cette notion dans son sens de gauche. Cette Liberté défendue par la gauche aboutit au totalitarisme quand on l’a pousse au bout de sa logique.

Par contre à l’inverse, « Vichy » c’est mal. Plus précisément, l’amorce de la restauration de la France catholique via la politique du maréchal Pétain (à ne pas confondre avec tout ce qui est lié à l’occupation conséquence de la défaite), c’est mal, car cela va contre la mystique de la Liberté également. Donc « Vichy » (tout est confondu sous un même vocable) c’est le « fascisme ». Le national-socialisme allemand et le fascisme italien c’est le fascisme aussi, donc c’est mal. Tout cela constitue l’axe du Mal que la Résistance au sens idéologique du terme doit combattre.

• Le cas de l’avortement. De la loi Veil de 1975 dépénalisant l’avortement sous certaines conditions on est passé à un « droit fondamental ». Pour un esprit normal, il y a trahison totale de l’esprit originel de la loi Veil.

Simone Veil disait elle-même que « l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue« . Elle disait qu’il fallait « dissuader la femme » d’avorter, qu’il faut « faire prendre conscience à la femme de ce qu’il ne s’agit pas d’un acte normal ou banal, mais d’une décision grave qui ne peut être prise sans en avoir pesé les conséquences et qu’il convient d’éviter à tout prix » et que sa loi « ne crée aucun droit à l’avortement« . D’ailleurs elle expliquait que « personne n’a jamais contesté, et le ministre de la Santé moins que quiconque, que l’avortement soit un échec quand il n’est pas un drame« .

L’encadrement de l’avortement tel qu’il existe aujourd’hui en France n’a plus rien à voir avec ce que Simone Veil imaginait à l’époque. Et pourtant la gauche s’en réclame et la glorifie. Ce que disait Simone Veil en 1974 serait totalement rejeté par la gauche aujourd’hui. A sa mort, les médias officiels présentaient Simone Veil comme la combattante du « droit à l’avortement », elle qui en écartait explicitement le principe même dans son discours fondateur.

Pourquoi ce décalage entre la réalité de la loi Veil et de son esprit, et la vision falsifiée que nous présente la gauche ?

On le comprend quand on se branche sur la mystique de la gauche : Avant, l’avortement était interdit car c’était mal. Tuer c’est mal. Mais en dépénalisant, on autorise légalement l’avortement, donc on sort du cadre moral, on sort de l’interdit. On envoie le signal que l’avortement n’est pas un mal. Et comme en même temps la société reposait, et repose toujours, sur les principes de 1789, la mystique de la Liberté se met en marche. Ce qui importe n’est rien d’autre que cette Liberté absolue de la gauche faisant abstraction de toute autre considération. Donc à partir de ce moment, toutes les restrictions à l’avortement ont vocation à sauter, pour aboutir à un état de Liberté absolue. D’où le processus de banalisation de l’avortement jusqu’à aujourd’hui : report du délai légal d’IVG, constitution du délit d’entrave à l’avortement, prise en charge par la Sécurité Sociale, suppression de la notion de détresse etc.

Les principes posés développent ensuite leurs conséquences indépendamment des intentions de leurs promoteurs. Simone Veil se posait d’ailleurs la question : « Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? »

À ce propos la journaliste Charlotte d’Ornellas avait posté ce statut Facebook (publique) intéressant :

« Les Survivants ont aujourd’hui dévoilé un site internet qui retrace la vie de Simone Veil et montre combien les promoteurs de l’avortement comme un droit d’une part et comme une victoire d’autre part la trahissent.

Certains les accusent par conséquent d’instrumentaliser Simone Veil ou de salir sa mémoire pour distiller « leur propagande ».

Puisque c’est d’elle dont il s’agit au moment du vote de cette loi (et non de la loi Veil dont j’ai déjà parlé), on va l’écouter bien attentivement lorsqu’elle répond au JT le 29 novembre 1974. Qu’on arrête de se moquer du monde au bout d’un moment.


Add –
Ce qui est vrai aussi, c’est que des années plus tard, en 2007, Simone Veil déclarait dans un entretien :
« J’y ai apposé ma marque : le choix de faire de l’avortement un droit de la femme plutôt qu’une possibilité offerte dans certains cas très précis », contredisant ainsi tout ce qu’elle avait pu dire et répéter au moment du vote de la loi.
Aveu ou trahison de ses propres convictions ? Peu importe finalement, cela montre que le « progrès » qu’elle évoque dès le départ est une marche forcée contre laquelle aucune limite intermédiaire ne résiste dès lors que la rupture anthropologique est consommée.
La leçon est simple, c’est cette rupture (et elle-seule) qui est le marqueur : la loi Veil autorise la suppression du petit (foetus, bébé, ce que vous voulez) dans le sein de sa mère.

Dès lors c’est cela que l’on accepte ou non, le reste est assez anecdotique (puisque changeant). »

Dès lors, il devient logique de voir le Grand Orient de France dire que Simone Veil « incarne par sa lutte pour imposer le droit à l’IVG le combat pour l’émancipation des femmes ». On est dans la vision idéologique de gauche. L’émancipation dont il parle est cette mystique de la Liberté.

Avec la pensée de gauche, on sort de la logique humaine et de la cohérence, pour entrer dans une pensée religieuse. C’est pour cela que la droite passe à coté du sujet quand elle cherche à comprendre la gauche sur le plan logique. Élément qui a été bien vu par l’historien Augustin Cochin :

« Est-ce que Taine a vu cela dans sa critique de la dogmatique jacobine – ou plutôt sociale ?

Oui sans doute : il a vu, constaté, mais il n’a pas accepté ni compris.

On connaît le fameux passage sur 2 et 2 font 5. C’est, sous un raccourci un peu brutal, fort bien résumer la question. Mais qu’est-ce que cela veut dire au fond ? Que nous sommes en face d’un problème religieux, de ces problèmes où 2 et 2 ne peuvent pas faire 4, car il est justement question de sortir du plan de la logique humaine, de la nature et de la raison, de se dépasser, dans un sens ou dans l’autre.

2 et 2 font 5, dit le chrétien, 2 et 2 font 3, dit le jacobin. C’est-à-dire que notre être actuel n’est pas, dans son fond et son essence, achevé, arrêté, fixé. 2 et 2 ne font 4 que dans l’immuable, Dieu ou néant. L’un et l’autre nous dépassent, nous débordent, nous sommes en route vers l’un ou vers l’autre, in via.

Seulement il faut ici, pour comprendre, être chrétien. Un chrétien seul comprendra cela. Un jacobin ne fera que le vérifier. Car la différence entre eux est que, si tous deux sortent du plan ordinaire, le chrétien en sort par en haut, et le sait ; le jacobin par en bas, et l’ignore. »

• Un autre exemple qui permet de voir la différence entre une droite agnostique et une droite catholique. Voir ce débat entre Maxence Hecquard (esprit catholique thomiste) et Eric Guéguen (esprit matérialiste) sur la démocratie :

Maxence Hecquard décrit la démocratie moderne telle qu’elle est réellement, c’est-à-dire qu’elle n’est pas un système d’organisation de la politique, mais une vision du monde où l’Homme doit être son propre souverain, où sa volonté est absolue, donc où il n’y a plus d’ordre et de Dieu qui la limite. Cette notion est directement rattachée à la vision du monde de la gauche.

Eric Guéguen prend le mot démocratie au sens où il était entendu dans la Grèce antique sans comprendre que ce mot a été repris par la pensée moderne tout en changeant le sens qui y était rattaché (comme avec toutes les autres notions d’ailleurs). Ce qu’on appelle démocratie aujourd’hui est autre chose. Le fond n’est plus le même. La démocratie moderne reprend le même mot, mais ne désigne pas un mode d’organisation politique, elle est une vision du monde, une métaphysique. Eric Guéguen regarde la démocratie moderne à travers sa grille de lecture classique consistant à penser que la démocratie est juste une manière d’organiser la politique. Il ne la regarde pas telle qu’elle est réellement.

Eric Guéguen reste dans une vision matérialiste, terre-à-terre, classique, comme très souvent chez les auteurs et intellectuels de droite agnostique, tandis que Maxence Hecquard voit la dimension métaphysique et spirituelle de ce concept de démocratie moderne (défendue par la gauche) comme souvent chez les auteurs et intellectuels de droite catholique. Maxence Hecquard arrive donc à comprendre cette notion dans sa réalité profonde. L’un reste dans la matière, l’autre voit l’esprit derrière la chose et atteint le réel.

Si l’on ne comprend pas la description réelle et profonde de la démocratie moderne par Maxence Hecquard, on ne peut pas comprendre le sens véritable de ce genre de phrase :

« La volonté de la majorité n’est pas une catégorie absolue… dans un grand nombre de cas, les « délibérations du peuple » n’ont pas de valeur pour la conscience juridique de la démocratie… Le fait majoritaire n’est pas un facteur décisif pour l’éthique démocratique. A l’inverse, le défaut de majorité arithmétique n’enlève pas son caractère démocratique à la France de la Convention… La Convention nationale représente-t-elle la majorité des électeurs français en 1792 ? Non, bien sûr… les Citoyens « pensants et agissants » n’étaient qu’une infime minorité. Lorsqu’un pays vote librement (le mot est souligné par l’auteur de l’article) contre la liberté, ce choix, sur le plan moral et institutionnel, est illégal » (Mirkine-Guetzévitch, Revue philosophique, juillet-septembre 1952, pp. 448-449).

Pour l’esprit logique de droite, ce genre d’explication n’a aucun sens et est totalement incompréhensible. Il faut sortir du « plan de la logique humaine, de la nature et de la raison », comme dit Augustin Cochin, pour comprendre. Pour le comprendre, il faut voir la mystique de la Liberté qui est derrière.

• Le culte du « vivre-ensemble » et du melting-pot.

Pour un esprit normal ou de droite, ce concept est également incompréhensible. De plus, la gauche ne l’explique jamais et force tout le monde à y adhérer. Mais là aussi on retrouve la mystique de la Liberté de la gauche :

L’afflux massif de populations venant du continent africain est une manière pour la gauche de célébrer cette Liberté mystique qui consiste à ne faire de l’Homme que le produit de lui-même et rien d’autre. N’étant le produit de rien, il ne faut donc pas « mettre de barrières » (qui seraient artificielles) entre les Hommes. Or, l’existence des nations et des races est une barrière horrible pour la gauche. La nature de la gauche étant d’arracher les hommes de leurs appartenances, elle va vouloir faire disparaitre les nations et les races et créer des sociétés cosmopolites reflétant l’unification du genre humain. La présence de multiples races et ethnies dans une même zone géographique réduite est l’échantillon de ce monde unifié où les « barrières » auront disparues et donc où règnera la Liberté.

Au final, derrière toutes les manifestations de la philosophie et de la pensée de gauche se trouve un culte de l’Homme en tant qu’Homme-Dieu. Une religiosité transcendante a laissé la place à une religiosité immanente qui engendre le non-sens permanent.
Pour donner une image, la droite ressemble à une personne amoureuse d’une autre personne : son amour est porté à l’extérieur d’elle-même. La gauche, par contre, est comme une personne amoureuse d’elle-même. Cela n’a pas de sens, c’est absurde. Ce n’est pas compréhensible, c’est très difficile à concevoir, parce que ce n’est pas naturel. L‘immanence de la pensée de gauche conduit au non-sens qui fait qu’on ne comprend rien avec elle si l’on reste sur le plan de la logique humaine.

Conclusion : Pour sortir de ce dérèglement, il faut « dé-spiritualiser » sa pensée temporelle. La religiosité ne doit s’exprimer que dans le domaine de la religion et pas ailleurs. On ne divinise pas l’Homme (ou une certaine catégorie d’Homme), ou la nation, ou des personnes particulières, ou des concepts politiques etc. On ne divinise que Dieu. Et si l’on n’est pas croyant, on fait comme si. On n’adhère pas à des utopies et à des constructions abstraites sortie de son esprit, on part des faits et on se plie au réel du mieux qu’on peut.

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